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dimanche 6 septembre 2009

Vacances-2

Oui, la fin d’une époque. Tout du moins au niveau familial. Il est évident que ces quatre là ne peuvent plus vivre ensemble. J’ai gouté là nos dernières vacances à cinq. Bercé d’illusions et refusant d’affronter la réalité, j’avais cru que nous pourrions passer une semaine calme entre nous, noyau presque complet de ce qui fut notre famille – au sens où l’on a longtemps conçu le terme comme étant un ensemble composé des parents et de leurs enfants communs – pendant de nombreuses années. Malheureusement, j’aurais du me souvenir qu’il est impossible de demander grâce ou patience à un troupeau fougueux. La vie est une suite d’images quand on regarde en arrière et celles que j’ai accumulées pendant cette semaine me sont précieuses. Mes enfants, mes joies et mes souffrances, même sous les cris, j’ai savouré votre présence.

Nous venions chercher le calme à la montagne. Le site de réservations de dernière minute précisait le confort mais pas l’emplacement précis. Je ne suis pas complètement dupe et je me doutais bien que ce sont des « emplacements » invendus de chaîne d’hôtellerie ou de résidences de vacances que l’on brade. Après des vacances « tout inclus » onéreuses, il était raisonnable de chercher une solution plus économique. Le risque inhérent à ce choix, en ne passant que par des cites très connus, était très acceptable.

Nous n’avons pas été déçu, ni par le logement, ni par le site. L’appartement donnait sur les pistes. Les restaurants – je ne me lasse jamais d’aller au restaurant, c’est un lieu neutre – se trouvaient à quelques mètres. La cuisine était fonctionnelle. Je pus y retrouver le plaisir de « cuisiner » pour les enfants. Faute de nous retrouver dans un chalet perdu, nous étions au moins face à la montagne, au départ des chemins, dans une résidence qui ne semblait pas plus qu'à moitié pleine.

Quand j’ai vu les premières casquettes portées visière sur le côté ou retournées sur la tête – je veux dire par là visières dans le cou mais je ne doute pas que la stupidité, c’est à dire la mode et le besoin d’appartenance à un groupe, conduira certainement à ce que les casquettes soient réellement portées à l’envers un jour – j’ai eu quelques craintes. Il n’y avait pas « beaucoup » de casquettes mais malheureusement elles sont souvent le signe, dans notre pays, de crasse intellectuelle et de violence.
Après tout, elles permettent d’identifier les hordes barbares, c’est bien pratique. Il faudrait d’ailleurs trouver des signes distinctifs à tous les parasites humains des hommes (la liste est longue de ceux qui sont une nuisance pour leur prochain…).

Les deux premières nuits furent calmes. La troisième, alors que nous commencions à nous endormir après une journée « au bon air », des hurlements de bête retentirent. Je ne sais pas les décrire. Des mots humains hurlés sur un air provocateur. Du balcon j'aperçus quelques personnes dont « La » bête la plus bruyante. C’était facile, elle portait un survêtement blanc – un signe – et une casquette de même couleur. Les paroles étaient difficilement compréhensibles, pourtant, rapidement, l’abruti se mit à répéter des insultes contre l’équipe de football de Marseille : une histoire d’enculés de l’OM je crois ou quelque chose de similaire. Un voisin lui demanda s’il allait bientôt fermer sa gueule, ce qui eu pour effet de l’exciter encore plus. Les autres animaux du groupe étaient sous le charme de ce mâle sans doute en rut. Ils crièrent, sifflèrent, firent quelques remarques au râleur et lui proposèrent d’aller se faire enculer. Je ne sais pas s’il était adepte mais il se tut. Les hurlements redoublèrent d’intensité, mais le crétin beuglant eut de la chance, car avant même de s’être cassé les cordes vocales, un groupe sortit de l’obscurité et apostropha le nuisible pour lui demander ce qu’il reprochait à l’OM. Les cris cessèrent. Une discussion commença. Le groupe du gueulard se trouva vite encadré par un groupe plus nombreux. Après quelques minutes, le groupe minoritaire et calmé fit retraite, la queue entre les jambes j’imagine, même si à la seule lueur des lampadaires et avec leur déguisement on ne pouvait l’assurer. A bonne distance du groupe d’obédience Oèmesque, les Péhessegéistes – je le compris par les bribes de phrases échappées lors de leur conversation – reprirent de courage et lâchèrent dans un dernier galop une bordée d’injures où il était encore questions d’enculés (surprenant de voir à quel point la sodomie fascine ces gens. Il y aurait une étude à mener sur ce sujet).
La nuit suivante, il fallut attendre 3h00 du matin pour profiter du calme de l’environnement. Mais nous nous étions faits à l’idée que nous étions trop exigeants dans notre désir d’avoir du calme le soir, à la montagne, au bord des pentes. Trop exigeants ou naïfs. Il était illusoire de croire que les vacanciers de la montagne aient plus de qualités que ceux de la plage. La majorité des vacanciers est composée de ceux qui représentent la majorité de la population. Et si 10% de la population relève de la médecine vétérinaire, il en est de même pour 10% des vacanciers. Peut-être la proportion est-elle plus faible. Peut-être est elle plus forte. Quoiqu’il en soit, au dessus de 2400 m, ce sont les piqures des taons qui nous ont gênées, pas les gueulards et comme à 1600 m, l’altitude du logement, il n’y avait pas de taons, je me dis qu’entre les deux, il doit y avoir une sorte de havre de paix. Voilà 800 m qu’il nous faudra explorer.

J’ai eu une amie – passablement cinglée du reste – qui s’efforçait de trouver le bon côté de toutes les misères qui pouvaient lui arriver (ce n’est pas en cela qu’elle était cinglée évidement). Je crois qu’elle aurait dit que se sentir isolé dans un milieu hostile, bête, violent était finalement une bonne chose. Ne va-t-on pas souvent chercher l’isolement en vacances ?

Et puis cela ne changera rien au fait que j’étais seul avec mes enfants.

6 commentaires:

FD-Labaroline a dit…

Très sympas vos petits camarades de vacances ! Pour éviter cela il faut taper dans les "petites stations" moins connues, familiales où là vous auriez plutôt croisé des bordées de familles en porte-bébé et tout le monde au dodo à 21h ! Next time, just ask ;-)

Anonyme a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
Le Père Qui Recompose a dit…

FD : Je ne manquerai pas de demander conseil, merci ! Nous étions à Puy st V., à 1600 m. Frustrant de ne pas pouvoir profiter pleinement du cadre.

Anonyme a dit…

Bonsoir.
J'avais laissé un premier commentaire.
Il manquait de courtoisie.
"Il n’y avait pas « beaucoup » de casquettes mais malheureusement elles sont souvent le signe, dans notre pays, de crasse intellectuelle et de violence."... m'a... tracassée.
En général, j’aime bien quand tu écris.
Mais, si tu m’autorises la franchise, bien que nous évoluions dans le virtuel, j’ai trouvé ton propos intolérant et sectaire.
Un peu comme lorsque tu considères les vacanciers lambda comme de sombres abrutis, etc…
Je suis gênée par tes derniers textes, ça manque de générosité, on pourrait penser que tu te sens supérieur aux autres, autorisé à les juger et les insulter.
Tu as tendance à critiquer les « veaux » alors que ton sens critique et ton intelligence savent parfaitement analyser pourquoi ils en sont là, comme des milliers de semblables.

On est tous le con de quelqu'un.

Voilà, j’ai hésité à te dire cela depuis assez longtemps.
J’espère que tu ne seras pas fâché.

Manderley

Anonyme a dit…

Manderley: Je suis content que tu aies remarqué le changement de style : phrases à l’emporte-pièce, idées préconçues, manque de nuances, manque d’indulgence et d’autres choses qui sont dérangeantes. Pourtant c’est toujours la même personne qui écrit, depuis le 25 août 2007. Tout est volontaire et je pense poursuivre l’expérience. Je ne suis pas un écrivain - peut-être un écrivant ? – et « changement de style » parait un peu prétentieux. Disons que j’ai voulu modifier ma façon de raconter et être plus provocateur.
Ce message risque de s’autodétruire…
LPQR

Anonyme a dit…

As you want...