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lundi 10 mars 2008

La crise

Ce soir c'était la crise.

Je suis parti du bureau à 17h00. Quand on est rentré dimanche à midi de déplacement, ce n'est pas anormal non plus de vouloir passer une longue soirée avec ses enfants (ma-dame et ses enfants ne viennent pas le lundi soir).

J'étais donc un père heureux et impatient de récupérer une partie de sa tribu.
Après une semaine d'absence, le frigo tournait un peu dans le vide et ne refroidissait que lui.
Quand tout le monde fut dans la voiture, nous allâmes donc au magasin le plus proche. Jusque là pas de problème.
Puis nous fîmes les courses.
Puis nous mîmes les affaires dans la voiture.
Enfin, vint le temps de monter en voiture (nous n'avions pas de raison de rester avec les caddies sur le parking...).

A ce moment, les « couillons » commencèrent à se chamailler pour une histoire de cartable resté sur un siège. La grande-ado eut la mauvaise idée de vouloir régler le conflit. Elle finit donc par se battre avec son frère qui, bien que plus jeune, lui retourna un grand coup dans le nez. Pendant se temps, la pré-ado pleurait sur son siège après s'être elle aussi battue avec le dit frère.

Un peu dépassé par les événements j'ai attrapé ce que je pouvais, et j'ai un peu serré ce que je tenais pour marquer mon mécontentement. Je crois que je n'ai pas remarqué tout de suite que l'on nous regardait. C'est vrai que c'était un spectacle... bruyant !!

Arrivés à la maison, l'enfer a commencé... pas pour moi, mais pour eux. Ils ont débarrassé les courses (jusque là pas de problème), rangé le frigo (toujours pas de problème), passé l'aspirateur (ok), rangé leur bureau (ok...) et commencé des exercices. Des tables de multiplications pour le garçon, du français pour la pré-ado. Tout ça chacun dans sa chambre et à chaque erreur, on recommençait. J'ai mis Bach à fond (ce qui ne facilitait pas leur concentration...). Nous avons fait ça pendant une heure ou un peu plus.

Pour le repas, j'ai fait deux plats, mais pas celui que j'avais prévu. Non. Un plat de pates trop cuites sans rien et un autre « al dente » avec basilic, ail, huile d'olive et gruyère. Facile de deviner pour qui cela était.

Pendant le repas, j'ai crié. J'ai expliqué en criant. Expliqué le ras le bol de ces bagares. La lassitude.

Après le repas, rebelotte. Retour en chambre et explication verbale (on appelle ça du harcèlement).

Au bout d'un moment, ils ont craqué. La pré-ado m'a jeté un mot de l'étage en larme. Le garçon a pleuré.
Et là seulement on a commencé à discuter. Séparément, j'ai parlé avec eux. J'ai expliqué ce que je ne supportais plus (ce que personne ne supporte plus).

Maintenant, ils dorment après que la paix soit revenue. Ils ont écouté un peu de musique et lu. Ils sont apaisés et moi aussi. Pendant 3 heures, ils ont vécu un petit enfer. Pendant 3 heures, ils ont compris ce que ce pouvait être de vouloir la fin d'une situation. Il sont été « mals », malheureux. C'est ce que je leur ai expliqué. J'ai créé ce malaise, cette situation insupportable mais c'est aussi moi qui y ai mis fin. Eux aussi peuvent mettre fin à la situation insupportable qu'ils créent. A celle qu'ils créent quand ils commencent le matin en s'insultant au petit déjeuner où quand je viens à peine de les récupérer. A ces week-ends entier de cris.

Demain, ils feront attention. A la fin de la semaine, ce sera oublié.

Je voulais juste qu'ils prennent conscience de mon exaspération et ce soir, le message ne pouvait être plus clair.

4 commentaires:

FD-Labaroline a dit…

La vaaaaache ! ainsi donc ça n'arrive pas QUE chez moi... ainsi donc je ne suis pas la seule à me débattre pas toujours de la meilleure manière qui soit... Pourquoi faut-il que la situation soit à ce point, que nous parents soyions à bout, que nous usions de moyens dont nous serons peu glorieux après coup pour que nos troupes comprennent à quel point les scenari sont à modifier ,! Tout pareil chez nous... avec un pic au moment des retrouvailles, justement. Comme s'ils se vengeaient de notre absence, de la séparation, de leur mal-être... Si on y ajoute les guerres fratricides (que je ne supporte plus non plus...) ça devient carrément insupportable. Souvent. Etre deux à encaisser ça ça aide. Parfois.
Bon courage ! nous sommes en plein dedans nous aussi...

Anonyme a dit…

Oui c'est fatiguant, épuisant, démoralisant. Non on ne sait pas toujours (si ce n'est jamais) comment bien réagir. Les spécialistes ont beau nous répéter que les disputes fratricides sont nécessaires à leur développement, ça ne nous donne guère de consolation… On ne peut tout de même pas les laisser s'entretuer ! Alors sommes-nous condamnés à continuer à subir ça et à avoir mauvaise conscience de nos réactions ? Le propre de l'adolescence est un mal être profond ; la peur de l'inconnu vers lequel ils ont compris qu'ils vont irrémédiablement, le deuil de l'enfance, la construction de leur image… autant de sujets d'angoisses. Que devons-nous faire pour les rassurer ? le peut-on ? Leur offrir un modèle de stabilité sans pour autant leur cacher nos faiblesses et limites ; c'est bien tout ce que je vois à leur proposer… et c'est bien peu en regard de leurs attentes !
Courage en tout cas et prends des forces pour la prochaine crise…

LeZ@z@blog a dit…

eh be ! voilà ce qui m'attend assez rapidement vu que la guerre fratricide a déjà commencé et ils n'ont que 4 et 9 ans lol
s'armer de courage, c'est notre quotidien de parents et ce n'est pas facile !

tanette a dit…

Mes enfant sont adultes maintenant mais je compatis très sincèrement, il me semblent qu'il ont été moins "durs" et pourtant je ne pouvais supporter de les voir se chamailler...