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mercredi 12 août 2009

Jungle

Je trouve ça gênant. Désagréable et gênant. Je ne sais pas me l’expliquer réellement. Je devrais ne pas y apporter d’attention.

La plupart se tiennent mal, vautrés sur leur assiette, voûtés pour attraper la nourriture que la fourchette qui leur sert de fourche tente d’élever maladroitement. Leur coude, appuyé sur la table, leur permet de rester dans cette attitude simiesque sans fatiguer leur dos.

Ils sont bruyants aussi. Heureux sans doute mais tout de même un peu trop bruyants. On se passerait volontiers du spectacle de leur grande bouche ouverte, trop pleine, où se bousculent nourriture et plaisanteries grasses.

Leurs enfants choisissent avec les doigts dans les plats du buffet. Je ne pense pas qu’ils aient les mains propres. L’hygiène est toute relative chez certains.

Les parents se servent trop, les assiettes débordent. C’est gratuit, du moins c’est ce qu’ils pensent, alors ils gâchent. Après leur passage, la table est pleine et il reste une quantité égale de nourriture à celle qui a été consommée. Pourtant, cette génération n’a pas connu de privations, elle n’a pas « connu la guerre », comme on le dit parfois d’une grand-mère pour l’excuser de sa tendance à faire des réserves ou à ne rien jeter. Non, cette génération n’a connu que la société de surconsommation. Surconsommation toute relative et très sélective, car les biens culturels ne sont pas concernés.

C’est un spectacle peu réjouissant en fait. Egoïsme, conformité, bêtise, violence, plaisir sans subtilité, une vaste fuite en avant d’une société qui ne respecte plus rien que la loi du plus fort et dégénère.

Et ce qu’il y a de pire, c’est que la seule chance de pouvoir survivre dans cet environnement hostile, c’est d’adopter une attitude similaire. Les règles de bonne conduite ne s’appliquent plus lorsque l’on est dans la jungle. Ou alors, il faut accepter de se contenter du faible espace et des miettes que vous laissent (qu’ils ne vous laissent jamais volontairement d’ailleurs) ces parasites.

Et puis, il y a les enfants, les nôtres, que l’on essaye d’éduquer dans le respect des choses et des autres et qui ne comprennent pas pourquoi c’est sur eux que cette calamité est tombée : des parents « strictes », voire même « sévères ». Non, tu ne mets pas les coudes sur la table. Non tu ne peux pas sortir jusqu’à 23h ou minuit tous les soirs, sans adultes, comme les copains. Non, tu ne peux pas t’habiller comme tu le souhaites et certainement pas comme la soeur de Stéphanie qui a un minishort ultra moulant, un grand décolleté sur une poitrine étonnement développée, des talons hauts, qui fume, a du voir le loup et n’a que 15 ans. Tu ne peux pas non plus te nourrir exclusivement de steaks, poissons panés et autres cordons bleus, pommes de terre et pâtes, bouder les fruits et ne pas te laver les dents.

Un combat permanent. Une lutte quotidienne. Des nôtres, combien pourront, sauront et voudront passer le flambeau, garder la flamme ? Est-ce utile du reste ? Après tout, c’est une évolution et n’est-il pas stupide de vouloir aller contre le mouvement ? Nager à contre-courant. Dommage, j’aime et il me reste quelques forces faute d’avoir encore des illusions.

3 commentaires:

FD-Labaroline a dit…

Voilà exactement pile-poil le genre d'endroits que je fuis...voilà exactement pourquoi nous avons choisi d'habiter la campagne, pourquoi nos enfants sont scolarisés dans des établissements ruraux... à portée de train OK mais plus facilement recentrés sur les valeurs que nous voulons leur faire passer. Pas toujours facile ni évident, toutefois. Tenez bon, c'est pour la "bonne cause"...: la vôtre !
Chouettes vacances, quand même ?

Anonyme a dit…

" L'homme naît sans dents, sans cheveux et sans illusions, et il meurt de même, sans cheveux, sans dents et sans illusions."
[Alexandre Dumas]

Tu es sérieux ?!

Le Père Qui Recompose a dit…

Manderley : Je manque d'humour, je suis toujours sérieux...

FD : Si j'ai le temps, je poste un message sur le montagne... Chouettes vacances finalement.