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mercredi 12 août 2009

Matins

J’ai fini 2 Houellebecq. « Fini »ne veut pas dire digérer. J’aime beaucoup Houellebecq. Je veux dire j’aime beaucoup les romans de Houellebecq. Enfin, ceux que j’ai lu.

Ici, le temps passe mollement. C’est bien. Je ne fais pratiquement rien. C’est faux. Je fais des choses mais je ne pense pratiquement rien. Ou je ne pense pas souvent. Ou je pense calmement.
Je me lève tôt, entre 5h30 et 7h30. Ce qui est tôt pour un vacancier sans enfants en bas age. Un jour sur deux environ, peut-être un peu plus, je vais courir. Je longe la plage. Il n’y a personne. Je cours jusqu’au centre urbain suivant, toujours en longeant la plage, mais sur la route. Il y a une bande de terre avec une très légère végétation, très sèche, qui me sépare de la mer. J’ai l’impression de courir dans un désert quand je regarde sur la gauche.
Avant le point d’agglomération suivant, je tourne sur la droite et m’écarte de la mer. Il y a quelques maisons, des locations saisonnières j’imagine, si j’en crois les immatriculations des voitures.
J’évite des arrosages automatiques et je rentre dans une forêt de pins. Il y a du sable et des brindilles. Ça sent bon. C’est calme. Vers le milieu du chemin de traverse principal, je croise les premiers autres coureurs. Certains sont sportifs, de vrais sportifs. On le devine à leur foulée. D’autres profitent des vacances pour se refaire une santé ou perdre un peu d’embonpoint. Ils sont plus rouges et traînent un peu les pieds.
A la sortie du bois, je remonte vers la plage. Un tracteur y racle le sable pour récupérer les déchets laissés par les touristes. J’arrête ma course près d’une poubelle. Un repère, où je me débarrasse de mes chaussures et de mon maillot trempé de sueur. En avançant vers l’eau, je prends mes lunettes « de piscine » que j’avais attachées à mon poignet.
J’avance dans l’eau sans m’arrêter. Elle me semble glacée après la course. Je me mouille la tête et la nuque et je nage. Je nage dans une eau calme, vierge de tous nageurs. Je nage en regardant le fond sableux. Les rides, les méandres. Je traverse des zones chaudes, d’autres plus froides. Je contrôle mon rythme pour nager le plus longtemps possible, au moins jusqu’à la hauteur du poste de secours, vide à cette heure. Parfois, quand je sors de l’eau pour reprendre mes affaires, une jeune femme ou une jeune fille je ne sais pas, est assise au bord de l’eau. Elle semble contempler le soleil qui devient de plus en plus vif au large.

En rentrant, en marchant vers un des studios que nous avons loués, pas très loin de la plage, je respire lentement. Je me retourne pour regarder la lande, l’eau. Je sens mes muscles gonflés par l’effort physique. Je me sens apaisé, heureux de vivre, désireux de vivre encore, de prolonger ces moments.

Après ma douche, je vais prendre mon petit déjeuner dans un des restaurants du site. C’est mon premier contact avec les autres. Les temps modernes font que je peux poursuivre mon monologue intérieur : il n’y a aucun mot à dire, ni bonjour, ni merci. Les gens ne se mélangent pas. J’avale le café, fort mauvais, mais j’en éprouve tout de même un réel plaisir. Je crois que c’est cette couleur noir dans ce bol blanc qui me plait. Je ne sais pas pourquoi. Le contraste est simple, net. Rien à comprendre, rien à imaginer. Noir et blanc, c’est tout. Pas de subtilité.

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