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samedi 5 septembre 2009

Vacances-1

Dimanche 23 août

Il me reste au moins le soleil. C’est surtout le ciel d’un bleu profond que je regarde. Ce matin, vers 8h00, sur ma moto, je voyais ce beau bleu soutenu, comme une promesse au bout de la route.
Pourtant, au bout de la route, il n’y avait que mon bureau. La nécessité de synchroniser des fichiers m’y conduisait mais certainement aussi le désir de me « remettre dans le bain ». Une façon d’enterrer les vacances. Comme j’aime les vacances, comme j’aime l’été. Les longues journées, mes enfants, le corps bronzé de ma-dame. Je pense que tout a été dit, écrit, chanté sur les vacances, mais cette parenthèse où l’on s’enfouit un peu en soi, où l’on écoute les pulsations de notre corps, où notre rythme se révèle lentement, jour après jour, reste un moment personnel magique. J’ai parfois l’impression de ne vivre que pour cela, pour ces moments magiques.

Combien d’images se sont inscrites pendant ces instants et m’accompagneront dans ma vie ?
Le passage devant la porte de la location avec au bout la plage vierge matutinale, ma lente course qui la longe, l’odeur des pins, la sueur qui me coule sur le front, puis la mer, la fraicheur de l’eau, mon souffle régulier pour faire durer le plaisir de cette lente progression, les yeux fixés sur le fond.

Le petit déjeuner, seul, avec le mauvais café, si agréable à boire, étudiant sans scrupule les autres habitants temporaires de l’endroit.

Les visites des vieilles pierres. La musique dans la voiture, la complicité avec mon fils, nos cris, nos échanges entre « mâles », avec nos expériences si différentes de la vie, du contact avec les femmes.

Les mouvements de mes ados, leur lente métamorphose.

Les repas au restaurant, la faune attablée, les accents, les bruits, les remarques.

La plage le soir, à l’heure ou les candidats au cancer de la peau la quitte.

Le retour en voiture, la nuit, épuisant, pour une courte étape à la maison. Le dur rappel des travaux restant encore à faire.

Le trajet en voiture vers la montagne avec mes quatre enfants, l’émerveillement de voir les cascades, la limite de la végétation, des restes de glaciers.

Notre seule vraie randonnée en montagne, notre progression difficile, 20 pas par 20 pas sur la pente raide. Ma peur d’avoir été trop confiant dans nos capacités physiques et mentales, la joie d’avoir franchi l’étape.

En haut, les taons et leurs douloureuses piqures, le sang, la déception de ne pas pouvoir « casser la croute » après l’effort et d’avoir du laisser la place à ces insectes voraces, mais toujours la joie d’avoir franchi l’étape.

Nos parties de Trivial Pursuit. Ma dernière victoire facile, ma chance indécente et inexpliquée à réussir à ce que le dé s’arrête sur le chiffre annoncé dans la majorité des cas après une pseudo « transmission de flux ».

Le sourire des ados sur leur luge d’été après les cris et l’exaspération générale du début de journée.

La fin des vacances, la route du retour à travers les cols, notre pique-nique sur le bord de la route, ultime étape de nos 3 semaines en forme de parenthèse, la fin d’une époque…

jeudi 3 septembre 2009

« …Ce fut après un été particulièrement meurtrier que le gouvernement prit conscience que les mentalités changeaient et qu’un bouleversement secouait cette vieille société française.
Evidemment, la prise de conscience était bien tardive et les forces de l’ordre furent d’abord dépassées par les évènements avant d’en devenir les malheureuses victimes.

Seul point positif, « l’égalité », pilier fondateur - tout comme la liberté et la fraternité étaient sensées l’être - fut réelle. Sur les 19 jeunes qui furent assassinés, si 15 étaient des habitants des « banlieues » comme on aime le dire – c'est-à-dire de citées sans âme – 8 parmi eux étaient issus d’une immigration récente généralement d’origine nord africaine et 7 étaient français depuis plus de 8 générations. C’est dire si l’égalité entre français de souche et issus de l’immigration était respectée. Les 4 « non-banlieusards » étaient de jeunes parisiens en vacances qui avaient pour fâcheuse habitude de circuler à vive allure à travers un village provençale où ils avaient une location saisonnière en rentrant de la plage.

Fait aussi nouveau, l’origine sociale des « assassins » était plus représentative de celle de la société qu’elle ne l’était habituellement dans ce genre d’affaire.
Les médias de gauche ne purent d’ailleurs écrire leur sempiternel article sur les anciens militaires qui « pétaient les plombs » une fois rendu à la vie civile. Même si 45% des justiciers justiciables avaient effectués leur service militaire, aucun n’avait choisi d’entrer dans l’armée - ou dans la Police.
Parmi les tueurs, il y avait trois cadres d’entreprise (un comptable, un responsable commercial, un technicien de bureau d'éudes), un responsable d’agence bancaire, deux enseignants (ce fut un rude coup pour ce milieu), cinq commerçants et cinq ouvriers.
Le meurtre des quatre parisiens s’avéra être parfaitement prémédité par un groupe d’habitants du village. Toutes les responsabilités ne sont pas parfaitement établies pour l’instant mais il semble bien que le boulanger et son épouse, un cadre de société d’assurance, deux retraités (un couple) de la SNCF et l’adjoint au maire (divers droite), agriculteur, participèrent à la réalisation du plan.

Il fut possible de dire que le phénomène touchait la société dans sa totalité, quelque fut l’origine sociale, la religion et les convictions politiques. L’égalité dans la violence suivit celle qui s’exprimait dans la bêtise. Le manque de respect des uns et des autres fut remplacé par le manque de respect pour la vie.

C’est à cette époque que nous décidâmes de moins sortir et de nous regrouper. ..»