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lundi 13 décembre 2010

La vie

Adorable jeune fille. Nous avons passé l’après midi ensemble. Une partie de l’après-midi, les visites sont autorisées de 14h à 19h. Je suis arrivé vers 14h30 – 14h45. Elle dormait. Le traitement la ramollit, je crois que c’est un peu le but… Je lui ai dit de continuer à dormir, je me suis mis sur un fauteuil, raide, et j’ai essayé de dormir. Les chutes de ma tête en avant lorsque que je sombrais dans le sommeil m’ont réveillées. C’est extrêmement désagréable. Ensuite nous avons affronté le froid pour une promenade d’une heure. Nous sommes sortis du centre par les bois. C’est interdit de sortir du centre. Une grande boucle dans l’air froid, tous les deux, papa et sa fille. Nous avons parlé de tout et de rien. Mais pour tout et rien, nous nous comprenons. C’est très curieux, j’ai l’impression d’avoir transmis aussi mes angoisses, mon mal-être, mes doutes, le bazar que je trimballe depuis l’âge de 7 ans à ma fille. Sentiment de culpabilité et désir de comprendre naturels mais pas complètement idiots.

Je voudrais qu’elle (re)trouve le désir de vivre, l’envie de découvrir des lieux, des gens, des situations. Quand nous nous promenons je lui montre des choses qui peuvent être belles, inquiétantes, surprenantes, émouvantes. La lumière du soleil de fin de journée froide qui donne un reflet doré au feuille, à des branches, à des herbes plus hautes que d’autres et qui attrapent les rayons. Une croix au bout d’un chemin, le bruit de l’eau, un muret, la fuite des nuages. Des musées, des monuments, des lieux chargés d’histoire que l’on essaye d’imaginer. Sans parler de choses plus rares et plus lointaines comme les petits singes sur les balcons d’un hôtel au Sri Lanka, des enfants chinois qui vous dévisagent et se retournent sur vous dans une rue où vous êtes le seul européen, de la cordillère des Andes, du désert, de la brousse sud-africaine, des taxis fous au moyen orient, du chemin de croix à Jérusalem.