Pages

mercredi 9 septembre 2009

Déplacement

Je ne comprends pas pourquoi le voyage est si long. C’est faux. Je dois nuancer. Le voyage est long car la solution choisie n’est pas la plus courte. Mais la plus courte est la plus chère et l’entreprise aime que nous réduisions les frais. Le temps perdu en transport, l’inefficacité au travail résultant de la trop grande fatigue et de l’inconfort ne sont pas pris en compte. C’est souvent le cas dans bien des domaines : on ne considère qu’une partie des choses, on « survole » et l’on ne saisit pas toutes les conséquences possibles d’une décision ou d’une situation. C’est par exemple le cas pour la politique de l’emploi dans notre pays. Il est évident que diminuer les effectifs des administrations et des sociétés majoritairement publics pour grossir ceux du chômage est un mauvais calcul. Mais l’indicateur suivant les économies budgétaires n’est pas associé à ceux indiquant ou reflétant les variations de taux de criminalité, taux de dépression, suicide ou d’évolution de la consommation d’antidépresseurs.

La solution économique pour un voyage est la plus risquée. Et je ne parle pas du risque lié à l’état des équipements de transport car l’actualité récente nous a montré que les compagnies les mieux côtés pouvaient, comme les compagnies poubelles, perdrent des avions en mer.
Non, la plus risquée car le moindre petit grain de sable met en « péril » le reste du voyage. Pour exemple, les économies amènent bien souvent à voyager sur plusieurs compagnies. Que l’un des avions arrive en retard et c’est l’étape suivante qui n’est plus assurée. La compagnie qui a en charge cette étape considère simplement que vous avez manqué votre vol et que sa responsabilité n’est pas engagée : elle n’a pas affrété l’avion retardataire. A vous de trouver une autre solution, à vos frais.
C’est ainsi que j’ai mis 24h pour rentrer de mon dernier déplacement, là où 12h auraient pu suffire.

dimanche 6 septembre 2009

Vacances-2

Oui, la fin d’une époque. Tout du moins au niveau familial. Il est évident que ces quatre là ne peuvent plus vivre ensemble. J’ai gouté là nos dernières vacances à cinq. Bercé d’illusions et refusant d’affronter la réalité, j’avais cru que nous pourrions passer une semaine calme entre nous, noyau presque complet de ce qui fut notre famille – au sens où l’on a longtemps conçu le terme comme étant un ensemble composé des parents et de leurs enfants communs – pendant de nombreuses années. Malheureusement, j’aurais du me souvenir qu’il est impossible de demander grâce ou patience à un troupeau fougueux. La vie est une suite d’images quand on regarde en arrière et celles que j’ai accumulées pendant cette semaine me sont précieuses. Mes enfants, mes joies et mes souffrances, même sous les cris, j’ai savouré votre présence.

Nous venions chercher le calme à la montagne. Le site de réservations de dernière minute précisait le confort mais pas l’emplacement précis. Je ne suis pas complètement dupe et je me doutais bien que ce sont des « emplacements » invendus de chaîne d’hôtellerie ou de résidences de vacances que l’on brade. Après des vacances « tout inclus » onéreuses, il était raisonnable de chercher une solution plus économique. Le risque inhérent à ce choix, en ne passant que par des cites très connus, était très acceptable.

Nous n’avons pas été déçu, ni par le logement, ni par le site. L’appartement donnait sur les pistes. Les restaurants – je ne me lasse jamais d’aller au restaurant, c’est un lieu neutre – se trouvaient à quelques mètres. La cuisine était fonctionnelle. Je pus y retrouver le plaisir de « cuisiner » pour les enfants. Faute de nous retrouver dans un chalet perdu, nous étions au moins face à la montagne, au départ des chemins, dans une résidence qui ne semblait pas plus qu'à moitié pleine.

Quand j’ai vu les premières casquettes portées visière sur le côté ou retournées sur la tête – je veux dire par là visières dans le cou mais je ne doute pas que la stupidité, c’est à dire la mode et le besoin d’appartenance à un groupe, conduira certainement à ce que les casquettes soient réellement portées à l’envers un jour – j’ai eu quelques craintes. Il n’y avait pas « beaucoup » de casquettes mais malheureusement elles sont souvent le signe, dans notre pays, de crasse intellectuelle et de violence.
Après tout, elles permettent d’identifier les hordes barbares, c’est bien pratique. Il faudrait d’ailleurs trouver des signes distinctifs à tous les parasites humains des hommes (la liste est longue de ceux qui sont une nuisance pour leur prochain…).

Les deux premières nuits furent calmes. La troisième, alors que nous commencions à nous endormir après une journée « au bon air », des hurlements de bête retentirent. Je ne sais pas les décrire. Des mots humains hurlés sur un air provocateur. Du balcon j'aperçus quelques personnes dont « La » bête la plus bruyante. C’était facile, elle portait un survêtement blanc – un signe – et une casquette de même couleur. Les paroles étaient difficilement compréhensibles, pourtant, rapidement, l’abruti se mit à répéter des insultes contre l’équipe de football de Marseille : une histoire d’enculés de l’OM je crois ou quelque chose de similaire. Un voisin lui demanda s’il allait bientôt fermer sa gueule, ce qui eu pour effet de l’exciter encore plus. Les autres animaux du groupe étaient sous le charme de ce mâle sans doute en rut. Ils crièrent, sifflèrent, firent quelques remarques au râleur et lui proposèrent d’aller se faire enculer. Je ne sais pas s’il était adepte mais il se tut. Les hurlements redoublèrent d’intensité, mais le crétin beuglant eut de la chance, car avant même de s’être cassé les cordes vocales, un groupe sortit de l’obscurité et apostropha le nuisible pour lui demander ce qu’il reprochait à l’OM. Les cris cessèrent. Une discussion commença. Le groupe du gueulard se trouva vite encadré par un groupe plus nombreux. Après quelques minutes, le groupe minoritaire et calmé fit retraite, la queue entre les jambes j’imagine, même si à la seule lueur des lampadaires et avec leur déguisement on ne pouvait l’assurer. A bonne distance du groupe d’obédience Oèmesque, les Péhessegéistes – je le compris par les bribes de phrases échappées lors de leur conversation – reprirent de courage et lâchèrent dans un dernier galop une bordée d’injures où il était encore questions d’enculés (surprenant de voir à quel point la sodomie fascine ces gens. Il y aurait une étude à mener sur ce sujet).
La nuit suivante, il fallut attendre 3h00 du matin pour profiter du calme de l’environnement. Mais nous nous étions faits à l’idée que nous étions trop exigeants dans notre désir d’avoir du calme le soir, à la montagne, au bord des pentes. Trop exigeants ou naïfs. Il était illusoire de croire que les vacanciers de la montagne aient plus de qualités que ceux de la plage. La majorité des vacanciers est composée de ceux qui représentent la majorité de la population. Et si 10% de la population relève de la médecine vétérinaire, il en est de même pour 10% des vacanciers. Peut-être la proportion est-elle plus faible. Peut-être est elle plus forte. Quoiqu’il en soit, au dessus de 2400 m, ce sont les piqures des taons qui nous ont gênées, pas les gueulards et comme à 1600 m, l’altitude du logement, il n’y avait pas de taons, je me dis qu’entre les deux, il doit y avoir une sorte de havre de paix. Voilà 800 m qu’il nous faudra explorer.

J’ai eu une amie – passablement cinglée du reste – qui s’efforçait de trouver le bon côté de toutes les misères qui pouvaient lui arriver (ce n’est pas en cela qu’elle était cinglée évidement). Je crois qu’elle aurait dit que se sentir isolé dans un milieu hostile, bête, violent était finalement une bonne chose. Ne va-t-on pas souvent chercher l’isolement en vacances ?

Et puis cela ne changera rien au fait que j’étais seul avec mes enfants.