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lundi 16 mai 2011

La vie n'est pas un rêve en somme...

Pas d’enfants cette semaine. Je vais en profiter pour me faire un plateau télé/ ordinateur/ musique/ téléphone ce soir. Je mets tout en même temps et n’écoute ni ne regarde rien. Besoin de bruits et de lumières tout en restant seul.

Comme je n’ai pas fait les courses, ce sera un petit plateau. Je ne ferai d’ailleurs pas les courses avant le retour des enfants. Quand je n’ai pas à le faire, j’évite de sortir. Il faudra que je m’occupe des poubelles et d’un passage à la déchetterie. C’est dommage, j’aurais pu rester enfermé demain. Enfermé mais avec la fenêtre ouverte. Juste le bruit du vent dans les haies et les arbres et le chant des oiseaux. Une journée entière à ne parler à personne. Un luxe.
Evidemment, le bureau risque d’appeler. Je verrai si le message est réellement important. Et je rappellerai si c’est le cas.

Je ne me raserai pas non plus. Je me laverai – je me lave toujours, un principe - je mettrai un vieux jean sans forme, un de ceux que mes enfants détestent (« papa ! Tu veux pas t’acheter un autre jean ? Ils ressemblent à rien les tiens !), un vieux T-shirt, un vieux pull le matin. Des vieux machins. Je pourrais ajouter pour un vieux machin. Mais ce serait excessif.

Les enfants partent. C’est la vie. Deux adultes. Jeunes adultes mais adultes. Deux ados. Ils partiront bientôt eux aussi. Il me reste moins d’années à vivre avec eux que d’années que nous avons passées ensemble. Et encore, les dernières années ont été des demi-années.

Je vais vivre complètement seul dans… combien ? Six ans ? A 53 ans je vivrais seul. Je ne sais pas si j’en ai peur. Je vis déjà seul la moitié du temps. Et cela même si nous partageons quelques soirées toutes les deux semaines avec ma-dame, entre zéro et quatre soirées tous les 15 jours suivant les périodes. Il doit y avoir beaucoup de couples qui ont des arrangements de ce type.

La vie a un côté « tracé » un peu désagréable. La mienne, parce que je le veux bien, a cet aspect. Elle est prévisible. Ce qui change avec le temps qui passe, c’est que l’on cesse de croire que l’on pourrait donner une autre direction à notre existence. Non, en fait, on se dit qu’il faut arrêter de croire que l’on pourra toujours modifier « plus tard » le court de notre vie. Et je crois que c’est le fait de savoir que si l’on n’agit pas tout de suite, ce sera définitivement trop tard qui pousse à renoncer. Pour certains, c’est le renoncement. Pour d’autres, c’est la fuite ou la fuite en avant, le changement.

Ne pas agir à mon âge, c’est renoncer. Lorsque l’on est plus jeune, ne pas agir c’est attendre. Mais arrive un jour ou « c’est trop tard ». Car on cesse d’y croire. Curieusement, je n’ai pas l’impression que l’on ressente une profonde douleur. C’est juste un cap. Un constat. Un verdict. La sentence est tombée, je renonce à compter d’aujourd’hui, enfin d’hier.

Mais à quoi renonce-t-on donc ? On renonce par exemple à ne pas accepter la banalité de l’existence que l’on mène. On renonce à dévier de la route. On renonce à lutter pour ce qui semble perdu. Cela ne veut pas dire qu’il n’y a plus de joies, plus de plaisirs. Non, il y a juste des joies et des plaisirs que l’on connait déjà.


Je suis devenu raisonnable et je m’ennuie car je suis devenu ennuyeux. Le week-end prochain mes chers enfants, vous serez là. Nous essayerons de rendre la maison plus agréable, de la préparer à être accueillante pour les six années à venir.

Voilà, j'arrive enfin.



Juste une illusion