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samedi 8 mai 2010

La reproduction humaine

(Tout d’abord, merci pour vos messages. Je repasse bientôt pour vous répondre).

Je sais, je fais un blocage.

J’étais sur le parking. Je passais de radio en radio en attendant. Rapidement sur celles ou l’animateur voulait faire preuve d’humour, un peu moins vite sur celles où je reconnaissais des morceaux connus, tout en m’interdisant de rester trop longtemps sur « Nostalgia for ever » - vous reconnaîtrez – pour ne pas m’avouer que je suis maintenant un vieux con et que les morceaux qui ont bercé mon adolescence sont dans les bacs « anthologie » des disquaires.

J’attendais les dames qui étaient allées « en vitesse » acheter un T-shirt. Un seul et unique T-shirt. J’attendais depuis 20 minutes… Un T-shirt doit être choisi avec soin. Tout ce que les femmes choisissent doit l’être avec soin. Il faut comparer, essayer, comparer à nouveau, partir, revenir, réessayer, s’éloigner et prendre finalement l’article. Il ne faut jamais le prendre rapidement, ça ne se fait pas. Et le temps passé à choisir n’est pas proportionnel au prix de l’article. Pour ce T-shirt uni, il aura fallu 40 minutes.

Il faisait chaud, les fenêtres du véhicule étaient ouvertes et le courant d’air peinait à rafraîchir l’habitacle.

Le couple est arrivé. Jeune, très jeune couple. Très très jeune couple en fait. Le père marchait devant avec les mains chargées des pièces automobiles qu’il venait d’acheter pour sa BM « tunée ». La jeune maman tenait la main de la petite fille. Je n’avais pas vu la petite fille, elle ne dépassait pas la portière. Je ne l’avais pas vu mais j’ai entendu le bruit de sa petite tête contre le rétroviseur de la voiture d’à côté. Un petit choc et puis des larmes. Elle était juste assez haute pour se cogner.

Le père est arrivé vers elle et lui a donné un coup de pied. Pas un gros coup de pied, mais un coup de pied tout de même. Il l’a bousculé en la grondant d’un ton très dur. La mère frottait la tête de la petite, qui pleurait toujours, forcément, mais ne disait rien. Le père – mais peut-on lui accorder ce titre – a attrapé la petite, a ouvert la porte de la BM, a mis la fillette à l’intérieur et à fermé la porte. Les vitres étaient toutes fermées et la voiture était garée au soleil depuis plus de 20 minutes. Ensuite, il a commencé à changer ses essuie-glaces, calmement. La mère regardait.

J’ai été lâche, comme d’habitude malheureusement. Je n’ai rien dit, rien fait. J’aurais du lui enfoncer les essuie-glaces où je pense. Mais je n’ai rien fait. J’ai pensé que ça ne me regardait pas. J’ai pensé que je ne saurais pas expliquer, ni quoi, ni comment. Et expliquer quoi ? Qu’on ne frappe pas un enfant qui s’est fait mal ? Qu’on ne le met pas dans une voiture restée en plein soleil sans ouvrir les fenêtres ?

Non, ça ne passe pas. J’aurais du faire quelque chose. C’est simplement insupportable et inacceptable. Pauvre petite gosse, bien mal partie dans cette vie.